0

logo LF définitifpng
fond papierpng

 

INTRODUCTION

 

Ces critiques ne vous sont sûrement pas inconnues. Déjà entendues, ou même prononcées par vous-mêmes, ces mots sont au cœur des réflexions de celles et ceux qui consomment l’actualité. Des lecteurs, auditeurs, aux internautes, tous sont dans l'attente d’une information claire,  

Non absolue, une autre voie existe échappant aux grands actionnaires en quête de contrôle : les médias dits « indépendants ». Sans eux, certaines enquêtes ne seraient d’ailleurs jamais révélées. Pour les plus connues, Mediapart publie l’affaire Woerth-Bettencourt en 2010, Sarkhozy-Kadhafi dès 2012, Cahuzac pour les années 2012-2013 ou encore l’affaire Benalla dès 2018 avec le mouvement des Gilets jaunes. Récemment, Disclose, fondé en 2019, sans actionnaires ni publicité, partenaire de la cellule indépendante de Radio France, fournit une enquête sur le trafic d’armes françaises au Yémen. Sujet tendu qu’Amnesty International prenait déjà à bras le corps depuis le début du conflit. « Cartographie d’un mensonge d’état » voit ainsi le jour. Décliné en plusieurs épisodes, ce travail dévoile des documents classés confidentiels, appelés « secrets d’Etat ».

Déjà à la fin du XIX ème siècle, une presse alternative était utilisée pour dénoncer les injustices de l’époque. On se souvient encore, même dans nos lointains cours d’histoire, du « J'accuse » d’Emile Zola paru dans L’Aurore. Non officiel à ses débuts. 

Au commencement du siècle suivant, quelques médias, le plus souvent clandestins, apparaissent. Ils se dressent, non sans difficulté, contre la mainmise publique devenue monnaie courante en période de guerre. Le Canard Enchaîné, créé en 1915, dénonce la censure au travers le personnage d’Anastasie.

Pendant les années 1980, alors qu’une libéralisation économique est à pied d'œuvre sous le mandat de Mitterrand, des radios libres se créent. D’abord non professionnelles, peu ont réussi à tenir sur le long terme comme Radio cœur d’acier. Une radio pirate créée en 1979 et arrêtée en 1981. Radio Nova compte parmi les seules ayant survécu. Elle est principalement connue aujourd’hui pour sa programmation musicale.

La démocratisation d’Internet viendra tout bousculer : façons de construire, de produire et de rechercher l’information se transforment. « Aujourd’hui les gens qui ont envie de créer des médias indépendants vont plutôt aller sur le web » constate Jean-Marie Charon.

En conséquence, un deuxième mouvement se met en marche. Les médias changent de modèle pour ne pas disparaître ou se faire racheter, faute de moyens. A l’image de Mediapart qui s’impose comme référence, l’abonnement est souvent privilégié.

Un regroupement de médias indépendants aux supports multiples, appelés « La presse pas pareille », est représenté par une carte publiée et actualisée tous les ans par L'Age de faire.

Pour y figurer les médias doivent :

Le sociologue dessine les contours d’un premier mouvement qui débute en 2007 et s’étend jusqu’au début des années 2010. Il s’agit de journalistes aguerris, correctement implantés dans la profession, qui « sortent des médias traditionnels ». Ils ont envie d’un nouveau « souffle » inspiré par de nouvelles techniques et possibilités. Rue89, Mediapart ou encore Les Jours s’inscrivent dans cette veine. En local, d’autres fondent leur site pour casser le monopole des quotidiens régionaux. « Tous espéraient que le marché publicitaire aller les financer et leur permettrait de diffuser gratuitement », précise Jean-Marie Charon. « On a compris que ce n’était pas possible. »

Médias alternatifs déjà présents

Brève histoire - XXème siècle

XXIème siècle

Une presse pas pareille

carde le monde D - CopiePNG

distancée, sans influence. Pas évident quand on sait que près de 90 % des quotidiens nationaux vendus sont détenus par neuf milliardaires.  
Le Monde diplomatique rend accessible une carte, régulièrement mise à jour, « des médias d’information qui "font l’opinion" et qui dépendent d’intérêts industriels ou financiers, de groupes de presse ou de l’État ». 

Fleche LFpng

En télévision, Jean-Marie Charon, sociologue des médias, parle
« d’espoirs » similaires, sans que cela se concrétise réellement.
« Il y a eu quelques tentatives de création de quotidiens en presse écrite qui ont presque toutes échoué. Et qui d’ailleurs étaient rattachées à des groupes capitalistiques ». Finalement, « le secteur où se sont créés des médias indépendants, c’est d’abord en presse magazine. Où  créer des titres avec peu de moyens était
possible
»,  explique le chercheur. Sans modèle de diffusion imposé, « les médias décident où et comment sera vendu
le journal
».

  • Avoir une production principalement écrite, sur papier ou en ligne.
  • N’appartenir à aucun groupe industriel, financier, ni à aucun mouvement politique, syndical ou religieux.
  • Etre détenus par leurs salarié·es, leurs lecteurs et/ou une association.
  • Mener une véritable une véritable démarche d’information, sans se cantonner à l’expression d’opinions.
  • Être favorable à une société plus juste et solidaire, sans exclure aucune catégorie de personnes.
  • Avoir une publicité qui n’occupe pas plus de 10 % de leurs pages.
carte Presse p pareil gauche
carte Presse p pareil droite
Charon LFpng

Jean-Marie Charon

Sociologue, recherche sur les médias, l'information et le journalisme

Une de ses dernière publication porte sur les journalistes qui quitte le métier

Bien que cette carte ne représente pas la totalité des médias indépendants financièrement, elle donne un bon aperçu du paysage médiatique alternatif.

La focale sera ici portée sur des organisations professionnelles dans lesquelles les journalistes sont salariés ou, du moins, rémunérés pour leur travail.

Qui sont ces médias du XXIème siècle ? Comment se sont-ils créés et pour quelles raisons ? Contrôle financier sous-entend-t-il forcément indépendance du média ? Celle-ci peut s’étudier sous différents angles. Ici, elle se définit par la maîtrise du capital et donc de son travail, sans influence directe ou indirecte d’acteurs économiques extérieurs. Une définition amenée à se nuancer. Car, finalement, de quoi dépend cette indépendance pour perdurer ? Qui statue ? L’abonné, le fondateur ou le salarié ? 


  Episode 1

Bouton droite LFpng